Urgences diabétiques : Vite, du sucre!
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L’Halloween à peine terminée, vous avez sans doute une belle réserve de bonbons à la maison ou au travail. Ces derniers pourraient être utiles si vous soupçonnez qu’une personne souffre d’hypoglycémie.
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Bien qu’il existe d’autres causes plus rares, la grande majorité des épisodes d’hypoglycémie et d’hyperglycémie sont rattachés à une cause connue : le diabète. La première étape pour savoir comment intervenir dans ces situations est donc de comprendre le diabète.
Pour fonctionner normalement, les cellules du corps ont besoin de glucose (c’est-à-dire du sucre) qu’elles transforment en énergie. Une hormone produite par le pancréas est nécessaire pour permettre l’absorption du glucose dans le sang : l’insuline.
Dans le corps d’une personne souffrant de diabète, l’insuline est produite en quantité insuffisante, ou encore, elle n’est pas utilisée de manière efficace. Les personnes diabétiques sont donc à risque d’un déséquilibre entre la quantité d’insuline et de glucose dans leur corps. Ne pas corriger cette balance rapidement peut avoir des conséquences graves et dégénérer en ce qu’on appelle une urgence diabétique.
Trois types de diabète
Le diabète de type I apparaît souvent tôt dans la vie de la personne, ce pour quoi on l’appelle aussi diabète juvénile. Il s’agit d’un diabète insulinodépendant, c’est-à-dire que la plupart des gens qui en souffrent doivent prendre de l’insuline quotidiennement.
D’ailleurs, celui-ci peut être administré sous forme d’injection, mais peut aussi venir d’une pompe à insuline : ce petit appareil portatif livre l’insuline par l’entremise d’un tube inséré sous la peau du patient, lui évitant d’avoir à se piquer quotidiennement (la découverte d’un tel appareil sur une victime lors de son évaluation vous mettra la puce à l’oreille).
Le diabète de type II apparaît habituellement plus tard dans la vie et peut être insulinodépendant ou non. Des études récentes laissent croire que cette maladie pourrait être réversible, mais cela reste à confirmer.
Enfin, le diabète gestationnel se développe pendant la grossesse et disparaîtra généralement après l’accouchement. Tout comme le diabète de type II, il peut être maîtrisé uniquement avec une diète particulière et un bon dosage de l’exercice, mais une médication (insuline) peut devenir nécessaire.
Trop ou pas assez de glucose?
Peut-être avez-vous déjà entendu une personne diabétique mentionner que son « taux est de 5 », sans comprendre de quoi il s’agissait. Ce chiffre représente le taux de glucose dans le sang, qu’on mesure en millimoles par litre (mmol/L).
Quand ce taux est inférieur à 4 mmol/L1, donc que le corps manque de glucose, on parle d’hypoglycémie.
En revanche, quand ce taux est supérieur à 7 mmol/L à jeun ou avant un repas (ou encore de 10 mmol/L 2 heures après un repas)1, on parle d’hyperglycémie. Le corps a, en quelque sorte, un surplus de glucose, ou manque d’insuline pour transformer le glucose.
Les personnes atteintes de diabète depuis longtemps et bien informées sur leur maladie ont de bonnes chances de reconnaître elles-mêmes les signes d’hypoglycémie et d’hyperglycémie et de réagir adéquatement. Mais cela n’empêche pas une personne qui s’ignore diabétique, ou qui ne maîtrise pas bien sa maladie d’avoir besoin de l’assistance d’un secouriste.
Reconnaître l’hyperglycémie et l’hypoglycémie
On entend parfois les gens invoquer un épisode d’hypoglycémie lorsqu’ils constatent une baisse d’énergie dans leur journée. Bien plus qu’un manque d’énergie, l’hypoglycémie peut engendrer une foule de symptômes sérieux.
Fait étonnant, étant donné que l’hypoglycémie et l’hyperglycémie seront approchées de la même façon par le secouriste, les symptômes qu’il faudra surveiller sont ceux qui se manifestent autant chez la personne hypoglycémique que l’hyperglycémique, soit les symptômes suivants :
- Changement de l’état de conscience (étourdissement, somnolence, désorientation)
- Respiration rapide
- Pouls rapide
- Peau moite et pâle
- Tremblements
- Transpiration
- Nervosité, irritabilité
- Sensation de faim et de soif intense
- Nausées, vomissements
On apprendra peut-être aussi, lors de l’examen secondaire (SAMPLE), que la victime a vécu une journée atypique incluant, par exemple, beaucoup plus d’exercice physique que d’habitude, une diète inhabituelle ou un dosage d’insuline inadéquat : « J’ai aidé ma belle-sœur à déménager et on a travaillé tellement fort que j’ai oublié de manger. »
Comment réagir?
Devant une urgence diabétique, que vous suspectiez un cas d’hypoglycémie ou d’hyperglycémie, votre intervention en tant que secouriste sera la même : après avoir prévenu les services d’urgence, il faudra administrer du sucre. Notez ce que vous donnez à la personne pour transmettre l’information aux paramédicaux.
Pourquoi du sucre? En cas d’hypoglycémie, le glucose aidera à rectifier la balance glucose-insuline et les symptômes disparaîtront. En cas d’hyperglycémie, le glucose supplémentaire n’aggravera pas la situation.
Demandez d’abord à la personne si elle peut mesurer le taux de glucose dans son sang : elle devra le faire elle-même à l’aide d’un appareil appelé glucomètre, si elle en détient un. Vous ne pouvez pas le faire à sa place, car il s’agit d’un acte médical, tout comme vous ne devez jamais lui donner d’insuline (la personne diabétique a reçu une formation pour le faire sans danger, ce qui n’est pas votre cas).
Un taux situé entre 4 et 7 mmol/L est considéré comme normal. Un résultat normal ou anormal vous aidera à poursuivre votre intervention dans la bonne voie.
Quel sucre donner?
On choisira un sucre à absorption rapide, comme un comprimé ou un gel de glucose. On en trouvera dans plusieurs trousses de premiers soins conformes aux nouvelles réglementations de la CNESST. Dans un cas plus grave d’hypoglycémie où la prise de sucre par voie orale n’est pas recommandée, on utilisera si possible du glucagon, injecté par voie intramusculaire ou sous-cutanée. Cet acte médical ne sera pas fait par le secouriste, mais par la victime elle-même, ou encore, par les paramédicaux.
Si l’hypoglycémie est mineure, on pourra utiliser différentes sources de glucose à absorption rapide, comme un verre de jus de fruits ou une cuillère à table de miel. Si vous n’avez que des bonbons d’Halloween sous la main, ceux-ci feront amplement l’affaire!
**Cet article a été relu et approuvé par Nelson Godbout, directeur paramédical chez Santinel.**
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