Les premiers soins en temps de pandémie

COVID-19, Secourisme | 5 novembre 2021

Les premiers soins en temps de pandémie

Maintenant que nous avons une meilleure compréhension de la transmission de la COVID-19, on peut se demander ceci : en tant que secouriste, comment faut-il ajuster ses interventions en temps de pandémie? Faut-il intervenir différemment auprès d’une personne vaccinée ou non vaccinée? Bilan de la situation.

Règle d’or en secourisme : avant de porter assistance à une victime, un secouriste doit s’assurer d’être lui-même apte à intervenir en toute sécurité. Il veillera à le rester tout au long de son intervention, par exemple, en glissant sous la tête d’une personne en convulsion une serviette moelleuse plutôt que ses propres mains, car un secouriste aux doigts fracturés n’est utile à personne.

Or, que faire lorsque la victime, même asymptomatique, représente un risque de transmission d’une maladie infectieuse au secouriste qui lui vient en aide? Autrement dit, faut-il intervenir, en temps de COVID-19?

La réponse courte : oui, lorsque c’est sécuritaire de le faire, et avec divers équipements de protection individuelle. On ne fera pas de distinction entre la façon d’approcher une personne vaccinée et une personne non vaccinée.

Les équipements de protection individuelle (ÉPI)

Équipements en protection individuelle

Si le secouriste doit absolument s’approcher à moins de deux mètres de la victime, tous les deux doivent porter un masque de qualité médicale pour se protéger l’un l’autre des gouttelettes aéroportées. On ne mettra pas un masque à une victime inconsciente. Le secouriste mettra bien sûr des gants avant d’entrer en contact avec la personne aidée. On recommande également aux secouristes d’enfiler des lunettes de protection ou une visière.

D’ailleurs, les gants en nitrile représentent une excellente barrière entre le secouriste et la victime, mais ne sont pas à toute épreuve. Pour pallier les erreurs humaines (comme retirer ses gants de manière inadéquate), mais aussi, parce que l’intérieur des gants est un milieu chaud et humide, donc idéal pour la prolifération de bactéries, on se lavera les mains avant et après une intervention de premiers soins.

Intervenir chaque fois ou non?

Étant donné que la situation épidémiologique évolue rapidement, un secouriste doit chaque fois « évaluer la situation et […] déterminer le degré de risque auquel il est prêt à s’exposer pour aider autrui1. »

Un secouriste sévèrement asthmatique pourrait donc choisir de ne pas s’approcher d’une victime manifestant des symptômes respiratoires. Cette décision lui revient. D’ailleurs, d’autres options s’offrent à lui : il pourrait rester à deux mètres de distance de la victime et la guider pour qu’elle traite elle-même son problème, ou encore, demander l’assistance d’une autre personne.

Comme le rôle du secouriste est également de récolter des données qui pourraient être pertinentes pour les futurs intervenants médicaux qui prendront la relève, on peut ajouter au moment de l’évaluation secondaire (SAMPLE) des questions pour évaluer le risque de transmission de la COVID-19 par la victime.

Vous retiendrez facilement celles-ci, les ayant sans doute vous-même entendues mille fois dans la dernière année :

  • Avez-vous de la fièvre, de la toux, des essoufflements ou d’autres symptômes de la COVID‑19?
  • Dans les 14 derniers jours, avez-vous été en contact avec une personne atteinte de la COVID‑19?
  • Avez-vous voyagé à l’étranger, dans les 14 derniers jours?
  • Etc.

N’hésitez pas à communiquer ces informations au 911, avant l’arrivée des paramédicaux, afin que ces derniers se protègent adéquatement.

À propos de la RCR

Depuis le printemps 2020, la CNESST recommande officiellement de ne plus donner d’insufflation au moment d’administrer la RCR, et ce, que ce soit directement en bouche-à-bouche, avec un écran facial ou même avec un masque de poche. Dans tous les cas, on estime encore que les insufflations représentent un risque beaucoup trop élevé de transmission de la COVID-19.

La CNESST indique d’ailleurs de couvrir le visage de la victime avec un linge, une serviette ou un accessoire du même ordre avant d’entamer les compressions thoraciques. Une fois la manœuvre terminée, il faudra jeter ou laver celui-ci.

 

RCR : le cas des enfants

En revanche, on donnera encore des insufflations à un enfant ou à un bébé lors de la RCR. Pourquoi? Le sang d’un adulte en arrêt cardio-respiratoire sera saturé d’oxygène pendant les 10 premières minutes de l’arrêt, ce qui n’est pas le cas des enfants. La plupart du temps, ces derniers auront besoin de la RCR à la suite d’un problème respiratoire, comme l’étouffement ou la strangulation, contrairement aux adultes, qui sont majoritairement victimes de problèmes électriques.

L’oxygénation des enfants par les insufflations sera donc essentielle. On distinguera un adulte d’un enfant par l’apparition de la pilosité faciale chez les garçons et par l’apparition de formes (seins et hanches) chez les filles.

*

Bien sûr, on donnera des insufflations à une personne en arrêt cardio-respiratoire qui partage notre « bulle familiale », c’est-à-dire qui habite sous le même toit que nous.

La situation épidémiologique pourrait encore changer, en même temps que les protocoles de premiers soins. Il faudra donc rester à l’affût de nouvelles consignes. D’ici là, soyons prudents!

**Cet article a été relu et approuvé par Nelson Godbout, directeur paramédical chez Santinel.**

 

1.Croix-rouge canadienne, «Considérations et protocoles de premiers soins en contexte de COVID-19», 5 novembre 2021

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